LE VOLEUR DE BICYCLETTE - Vittorio De Sica

A PROPOS

Depuis quelques années déjà des auteurs comme Luchino Visconti ou encore Roberto Rossellini participent au mouvement néo-réaliste qui se propose de sortir les caméras des studios afin de filmer la vraie vie, marquée par de flagrantes inégalités sociales. En 1948, Vittorio De Sica, acteur très populaire en Italie durant les années 30, se penche sur le destin d’un père de famille au chômage et, avec une simplicité étonnante, parvient à hisser son sujet sur des cimes imprévues. Avec l’aide de son scénariste attitré, Cesare Zavattini, il suit le parcours d’un homme au bout du rouleau, mais devant rester digne afin de nourrir son fils. Cette intrigue prétexte sert avant tout aux auteurs pour dresser un état des lieux assez catastrophique de la situation sociale de l’Italie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
La caméra, d’une remarquable fluidité, saisit la misère et la détresse des faubourgs romains sans jamais tomber dans le misérabilisme de bas étage. Certes, le cinéaste semble tenté par le mélodrame, notamment avec une musique assez emphatique, mais il y échappe grâce à une analyse très fine de la psychologie des personnages. Jamais caricaturaux, les protagonistes du film sont tour à tour attachants ou énervants, veules ou touchants jusque dans leurs défauts. Ceci est souligné par l’interprétation remarquable de Lamberto Maggiorani et du très jeune Enzo Staiola (devenu par la suite professeur de mathématiques), tous deux acteurs non professionnels trouvés lors d’un casting sauvage dans la rue. Le film parvient également à remettre en cause la frontière entre le bien et le mal puisque le premier vol est condamné comme étant ignoble alors que le second, perpétué par le héros, résonne plus comme un sursaut du désespoir. Finalement, les pauvres finissent par se voler entre eux, perdant ainsi une part de leur dignité au lieu de se tourner vers les vrais responsables de leur désastreuse situation. Ce constat quelque peu désespérant fait tout le prix de cette œuvre puissante, couverte de prix et d’honneurs divers (dont la réputation quand même exagérée d’être un des plus beaux films du monde) et qui a marqué des générations entières de cinéphiles.

Virgile Dumez (avoir-alire)

Soirée rencontre
jeudi 5 février 2015 à 20h15

suivi d'une rencontre avec des personnes de religions différentes, membres du CERDI (Centre de Rencontres et de Dialogue Inter-Religieux) à Angers.

Soirée organisée en collaboration avec le CERDI  (centre de rencontre et de dialogue inter religieux)


LE VOLEUR DE BICYCLETTE

de Vittorio De Sica

Avec Lamberto Maggiorani, Enzo Staiola, Lianelle Carell
Italie - 1948 - 1h33 - version originale sous-titrée

Chomeur depuis deux ans, Antonio trouve un emploi de colleur d'affiches, mais il se fait voler sa bicyclette, outil indispensable de son nouveau metier.

A PROPOS

Depuis quelques années déjà des auteurs comme Luchino Visconti ou encore Roberto Rossellini participent au mouvement néo-réaliste qui se propose de sortir les caméras des studios afin de filmer la vraie vie, marquée par de flagrantes inégalités sociales. En 1948, Vittorio De Sica, acteur très populaire en Italie durant les années 30, se penche sur le destin d’un père de famille au chômage et, avec une simplicité étonnante, parvient à hisser son sujet sur des cimes imprévues. Avec l’aide de son scénariste attitré, Cesare Zavattini, il suit le parcours d’un homme au bout du rouleau, mais devant rester digne afin de nourrir son fils. Cette intrigue prétexte sert avant tout aux auteurs pour dresser un état des lieux assez catastrophique de la situation sociale de l’Italie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
La caméra, d’une remarquable fluidité, saisit la misère et la détresse des faubourgs romains sans jamais tomber dans le misérabilisme de bas étage. Certes, le cinéaste semble tenté par le mélodrame, notamment avec une musique assez emphatique, mais il y échappe grâce à une analyse très fine de la psychologie des personnages. Jamais caricaturaux, les protagonistes du film sont tour à tour attachants ou énervants, veules ou touchants jusque dans leurs défauts. Ceci est souligné par l’interprétation remarquable de Lamberto Maggiorani et du très jeune Enzo Staiola (devenu par la suite professeur de mathématiques), tous deux acteurs non professionnels trouvés lors d’un casting sauvage dans la rue. Le film parvient également à remettre en cause la frontière entre le bien et le mal puisque le premier vol est condamné comme étant ignoble alors que le second, perpétué par le héros, résonne plus comme un sursaut du désespoir. Finalement, les pauvres finissent par se voler entre eux, perdant ainsi une part de leur dignité au lieu de se tourner vers les vrais responsables de leur désastreuse situation. Ce constat quelque peu désespérant fait tout le prix de cette œuvre puissante, couverte de prix et d’honneurs divers (dont la réputation quand même exagérée d’être un des plus beaux films du monde) et qui a marqué des générations entières de cinéphiles.

Virgile Dumez (avoir-alire)